Monday 28 May 2007

Réponse á J.M.Doré

Quelle fut ma surprise de lire que Mr Jean Marie Doré(JMD) de l’UPG serait offusqué que Dr Ibrahima Fofana du syndicat USTG ait dit: « Sur le plan politique, nous entendons jouer un rôle important en Guinée » . JMD qualifierait ces dires de « déclarations inconsidérées» (Guineenews du 16/05/2007).
Tout d’abord avant de revenir sur cette sortie ‘théâtrale’ de JMD, je tiens á rappeler que lors d’une réunion á Paris qui l’avait regroupé avec les principaux leaders (dont feu Siradiou Diallo), un des intervenants avait eu ‘l’outrecuidance’ de leurs reprocher leur manque d’efficacité sur le terrain politique en Guinée sous entendant qu’ils ne sont pas unis et proactifs. JMD, offusqué, l’a envoyé balader en répondant que s’il croit que c’est facile ou s’il pense pouvoir faire mieux et bien qu’il aille lui-même sur le terrain en Guinée. J’avais alors trouvé cette réaction et réponse inacceptables venant d’un homme politique envers quelqu’un qui cherchait simplement á comprendre. C’est comme si Titi Camara ne marquant pas de buts répondait á un supporteur d’aller sur le terrain jouer á sa place. Ce serait une réponse stupide puisque le footballeur c’est lui et c’est son boulot de marquer. Tout le monde ne peut être footballeur ; tout comme n’est pas leader qui veut. Si c’était facile il y aurait beaucoup de Mandela dans le Monde. Pour revenir a JMD, personne ne l’a obliger á faire de la politique donc il doit assumer et donner des explications aux Guinéens quand ils le réclament. Le problème est que la majorité des leaders ne veulent pas prendre de risques et s’exposer en adoptant des attitudes ou langages qui provoqueraient la réaction de Lansana Conte (LC). Ma conviction est que Conte les prendrait sûrement plus au sérieux s’ils osaient un peu plus. Ayant observé l’homme, LC respecte les hommes courageux et audacieux.
Comme je l’ai mentionné dans ma précédente intervention, la nature a horreur du vide. Puisque votre tactique est de rester profile bas, pourquoi s’offusquer que d’autres s’engouffrent pour occuper le terrain qui aurait dû le votre ! Vous ne pouvez pas avoir le beurre et l’argent du beurre ! Je me répète en affirmant que si vous ne vous ressaisissez pas pour reprendre l’initiative vous allez vous faire coiffer au poteau par un inconnu et nouvel arrivé en politique. Ce serait dommage pour vous après tant d’années de travail souterrain. C’est vous les professionnels de la politique donc il vous revient de trouver les voies et moyens de vos ambitions.
Ce que je ne comprends pas est votre silence car en tant que partis politiques vous pouvez occuper au moins le terrain médiatique par des propositions, réactions et des activités diverses non conflictuelles faisant parler de vous.
Pour finir, je préfère, de très loin, que ce soit les syndicats qui initient le changement plutôt que les militaires assurent la continuité. Au lieu de vous plaindre, agissez!

Monday 14 May 2007

Appel aux leaders

La situation en Guinée est plutôt préoccupante, il n’y a plus aucune autorité ! Lansana Conté n’est plus que l’ombre de lui-même. Il se comporte en desperado : il n’a plus rien á perdre en se disant, peut être, que soit la maladie ou un coup d’état va l’emporter.
Les militaires et les civiles divisés, la cohésion sociale minée par des clivages á tendance identitaire, il y a péril en la demeure !
Il ne se passe pas une semaine sans qu’une corporation ou groupe d’individus réclame, á juste titre, justice et réparation souvent financière pour les préjudices subits depuis des années et même des décennies. Les revendications á répétitions ne peuvent trouver de solutions sans que l’ordre, la discipline et surtout l’autorité de l’Etat ne soient rétablis et respectés par tous. Pour se faire, je ne vois aucune autre solution viable et durable qu’une Conférence Nationale de Réconciliation et je dirais même une Conférence de Réconciliation Nationale. C’est le moment opportun pour qu’elle se tienne avant que l’anarchie ne s’installe car tous les ingrédients sont réunis pour que la situation dégénère. Le règlement des problèmes du Peuple de Guinée ne peut être á l’heure actuelle que politique avant d’aborder les autres aspects qui en fait ne sont que des alibis et bases d’expression d’un malaise plus profond. Les Guinéens sont déboussolés par près de 50 ans de démagogie et de déstructuration du tissu social dans l’intérêt de nous diviser pour que des clans puissent régner en paix pour leur seul bénéfice en mettant le Pays á leur service. Il n’est donc pas étonnant que nous n’ayions plus de repères socio-culturels. A ce propos, lorsque Lansana Conté aime á répéter qu’il a toujours été au service du pays depuis l’indépendance, ceci est en partie vraie jusqu’en 1984 ; après 1993 c’est le Pays qui s’est mis á sa disposition.
Le moment est venu pour leaders politiques trop timorés de reprendre l’initiative.
En tant que simple citoyen Guinéen, je lance donc un appel aux partis politiques et á la Société Civile (avec les syndicats) pour la convocation dans les plus brefs délais d’une Conférence de Réconciliation Nationale. Le gouvernement de « Service » de Lansana Kouyaté peut continuer son travail le temps que les Guinéens se mettent définitive d’accord sur l’avenir du Pays.
En ce qui me concerne, la vacance du Pouvoir ne fait plus aucun doute avec le dernier rempart qu’était l’Armée en voie de décrépitude.
Prenez vos responsabilités messieurs et mesdames les leaders, autrement quelqu’un d’autre le fera á votre place car la nature a horreur du vide !

Sunday 6 May 2007

La politique et le destin

Finalement la politique est tout sauf une science exacte encore moins prédictible ! Qui aurait prédit Lansana Conté, Laurent Gbagbo, Toumani Touré ou Nicolas Sarkozy présidents ? Comme cela est souvent le cas, certains héritent de situation opportunes et saisissent leur chance et d’autres la laissent passer. L’UMP a été créée pour propulser Alain Juppé pour succéder á Jacques Chirac et les « affaires » le disqualifient ; Sarkozy en embuscade n’a pas tergiversé et s’est emparé du parti de façon opportuniste.
Henri Konan Bedié a hérité du pouvoir auquel il a été préparé depuis des années mais l’a perdu par manque de courage : il serait resté sur le territoire ivoirien, il serait certainement encore président.
En Guinée, en Juillet 1985 apparemment le Capitaine Baldé et ses hommes auraient pu garder le pouvoir pour eux mais ils ont préféré jouer la loyauté et l’on rendu sur un plateau au Colonel Lansana Conté, ‘bombardé’ á son retour á Conakry Général de Brigade « pour service rendu á la Nation » alors qu’il était en sécurité á Lomé pendant que Baldé et les autres risquaient leur vie pour maintenir leur Régime. Certains sont plus bénis que d'autres !
L’autre cas intéressant est celui de l’ex Zaïre maintenant République Démocratique du Congo oú grâce á un tragique événement, Laurent Désiré Kabila imposé pour succéder á son père s’installe définitivement au pouvoir avec l’aide active des Occidentaux après des élections pour le moins bizarres. Là encore le pouvoir échoit á une personne inattendue et imprévue.
Encore un scénario plus logique car explicable mais tout aussi imprévisible est celui de l’élection de Yayi Boni au Bénin : les électeurs déçus et fatigués de la vieillissante et ancienne classe politique se sont rabattus en désespoir de cause sur le candidat nouveau venu et politiquement vierge. Donc ce qui était un coup d’essai fut un coup de maître car yayi Boni l’emporta avec un score confortable sur ses adversaires.
Tous ces exemples montrent que finalement accéder au Pouvoir est plus une destinée qu’autre chose ; sans tomber dans le fatalisme!
La leçon est que tout homme politique doit faire ce qu’il pense être bon et juste pour son pays/nation d’abord avant de voir seulement ses intérêts personnels lui permettant d’accéder au pouvoir. Seul Dieu décide quoi que l’on fasse : Nelson Mandela a survécu malade 27 ans de cachots et dans les conditions très durs de l’apartheid que peu de personnes auraient pu. Il en est sorti par la grâce de Dieu sans renoncer á sa lutte pour être élu Président d’Afrique du Sud.
Et comme certains pouvaient l’imaginer, tout ceci nous ramène á la Guinée.
Certains leaders politiques, presque la majorité, font des compromis et parfois même des compromissions ou adoptent des positions dans l’unique et seul but d’en être les seuls bénéficiaires même au détriment de la Nation. Ce fut le cas lors de arrestations arbitraires de Alpha Condé, Bâ Mamadou et d’autres. La réaction des partis politiques a été plutôt timorée comme s’ils ne se sentaient pas vraiment concernés par ces violations flagrantes des lois. Or le problème était une question de principe et non de personne car ça aurait pu être eux même en 'taule'. Si l’état respectait au moins les procédures et la loi, il n’y aurait rien á dire. Tous les leaders auraient dû montrer alors leur solidarité surtout active quitte á ce que Lansana Conté les arrête tous et nous aurions vu la suite. Mais hélas, ils ont confirmé au Pouvoir, tout comme au temps de Sékou Touré, qu’il peut les éliminer un á un sans risque car chacun n’est préoccupé que par sa personne et non le Pays.
Les syndicalistes et la Société Civile leurs ont donné une leçon magistrale de lutte politique. Unis, ils ont bravé contrairement aux partis politiques, auparavant, l’interdiction de descendre dans la rue. Ils savaient les risques et nous avons vu la suite. Malheureusement, la liberté et bâtir une nation requierent trop souvent le sacrifice du Sang. Une règle que tout le monde connaît mais feint d’ignorer est que faire de la politique particulièrement en Afrique implique d'être disposé á perdre sa liberté ou sa vie pour ses idéaux. La présidence est á ce prix là. Même Lansana Conté en sait quelque chose.
Pour reconnecter avec mes propos plus hauts, les événements tragiques et exceptionnels survenus en Guinée en janvier-février 2007 ont fait surgir un outsider inattendu, Lansana Kouyaté, qui apparemment était en embuscade. S’il sait s’y prendre, risque de recueillir les bénéfices de toutes les années de travail de terrain des partis politiques et accéder á la Magistrature Suprême. Et personne honnêtement ne pourrait lui en vouloir car ce serait de bonne guerre. Personnellement, je ferais pareil : qui peut refuser la fonction de Président de la République, surtout sur un plateau ? Comme dit la petite histoire : « deux voleurs se battaient (…) quand vint un troisième larron qui emporta le butin ».
Il ne faut pas sous-estimer la volonté de changement des Guinéens qui veulent de nouvelles têtes. L’ébullition dans l’armée et les universités en sont un exemple. La Guinée aspire á un nouveau départ, á une refondation de la société avec des personnes nouvelles.
Je finirai en citant Laurent Gbagbo qui est un politique émérite qui disait : « Si tu joues bien même si l’arbitre est contre toi, tu gagnes ». Donc, les leaders politiques sont avertis. La balle est désormais dans leur camp car la concurrence est ouverte, dure et sans pitié pour une Guinée nouvelle.