Sunday 5 August 2007

imbroglio a Conakry

L'actualité venant de Conakry ne peut nous laisser encore une fois indifférent. Cette semaine, il s'agit du sort de notre "pauvre" Premier Ministre qui serait brimé par notre Général? En effet, j'ai lu avec amusement que certains internautes éprouvaient de la compassion et de la sympathie pour le PM face à ses déboires prédictibles. Ma première surprise est que ceux qui écrivent sur le Net sont sensés être politiquement avertis et par conséquent, ils ne devraient pas se laisser surprendre par les événements de Conakry: Conte vs Kouyaté (vs= versus). Dire que Conté est le Problème est une Lapalissade que tout le monde sait et accepte! Mais réduire exclusivement tout au Général serait réducteur et simpliste: toute dictature/tyrannie repose sur des serviteurs/complices zélés réactionnaires pour consolider et maintenir le système avec une population soumise et une milice qui peut ou non prendre la forme d'une armée nationale. Pour preuve, le régime actuel est une version actualisée de celui de Sékou Touré. Le dictateur est mort mais le système lui a survécu en s'habillant différemment.
Dans notre cas, le sieur Mamadou Sylla est sans doute la pièce maîtresse autour de laquelle gravitent diverses personnes hypocrites et vénales au service de Conté aujourd'hui et d'un autre demain. En temps de guerre, pour atteindre le Commandant en chef, il faut d'abord mettre en déroute les troupes. Ce que L. Kouyaté n'a apparemment pas compris.
Conté ne fait que ce qu'il a à faire, c'est-à-dire user de toutes les stratégies pour garder le pouvoir. A nous, d'être plus futés et meilleur stratège: à la guerre comme à la guerre. Il ne faut quand même pas pousser notre naïveté au point d'espérer du Général, passivité ou collaboration pendant qu'on menace son meilleur ami/allié de saisis et peut être même de prison et que son fils est fortement soupçonné de violations de droits de l'homme!
Pour en revenir à notre "pauvre" PM, il ne commence à récolter que ce qu'il a semé.
En effet, une fois nommé il s'est comporté comme l'envoyé de Conté en snobant et ignorant tout le monde, tant il était sûr de lui. Au lieu de s'atteler à mettre en urgence une structure de travail et d'appui basée sur les Forces du Changement, il a opté pour des voyages de prestiges: rien ne sert de courir; il faut partir à point! Quel investisseur sérieux va mettre de l'argent dans un pays sans gouvernement stable (qui change tous les ans) et incertain de par l'état de santé du chef de l'Etat? Comme ils (bailleurs de fonds) le font partout, il y aura des accords de principe et des promesses, puis on verra…
Ce fut sa première erreur stratégique car pendant ses longues absences sans personne pour garder la maison, à la fois le PUP (M. Sylla compris) et Conté ont eu largement le temps de récupérer du KO technique infligé par les Forces du Changement. Ils ont refait leur force et se sont préparés à contre attaquer. Qu'espérait Lansana Kouyaté?
Comme fait le surfeur, il aurait dû profiter de la vague de popularité pour engager au forceps les premières mesures stipulées noir sur blanc et paraphées par L. Conté. Même une partie des militaires n'ont-ils pas scandés "Président" à son intention au camp Alpha Yaya? Au lieu de s'encombrer de scrupules à savoir s'il peut nommer aux postes civils sans que Conté ne contre signe, il aurait dû joué au borné et interpréter littéralement les accords tripartites. Soumettre à Conté ses projets et s'il ne réagit pas après quelques jours, estimer que : " qui ne dit mot, consent". Et pour une fois, s'inspirer de L.Sidimé et ses "considérant": en décrétant par délégation du Président selon les accords tripartites. En matière de droit, tout est question d'exégèse, même abusive si cela peut servir la cause (cf. Conté ou invasion d'Irak par USA & UK, etc.…).
Bon! Il aurait pu déclencher une crise dés le début de sa mission. C'était le risque à prendre car de toute façon il est à abattre tôt ou tard par le clan Conté. Pour nous mieux tôt que tard. Autant passé à l'étape suivante (laquelle?) en mars ou avril 2007 plutôt que maintenant. Nous aurions tous gagné du temps et serions fixés sur notre sort alors! Il y avait une ambiance de défiance qu'il fallait maintenir avec tous les risques que cela comporte. Notre libération était à ce prix surtout après toutes ces tueries. Et puis, nous avons l'air d'oublier que nous sommes partis d'une motion de vacance du pouvoir (donc de départ de l'exécutif) à un compromis de délégation de pouvoirs de chef du gouvernement!
Deuxième erreur: déculpabiliser, de facto, Mamadou Sylla qui est à la source et au centre de toutes les intrigues politiques ces dernières années. Lansana Kouyaté n'est pas l'initiateur des poursuites contre lui donc il n'avait qu'à laisser la justice suivre son cours. Cet allié précieux de Conté affaibli et occupé à se défendre, le PM aurait eu un souci en moins. Il aurait forcé le respect et le support de la majorité de Guinéens. Au contraire, il lui a permis de rebondir et a semé le doute dans nos esprits quant à sa vraie mission. Etait ce une des conditions posées par Conté pour accepter sa nomination? Tout semble le corroborer.
Kouyaté aurait dû comprendre dés le début que l'on ne peut pas être à la fois l'ami de Conte et du Peuple en même temps: Conte et le Peuple sont ennemis depuis longtemps!
Le PM a échoué dés le début en prenant les mauvaises initiatives et je regrette Conté n'y est pour rien: il fait jouer ses instincts de survie et son expérience au pouvoir!
Ceci me rappelle la chanson du chanteur ivoirien, Daouda, "la femme du patron": elle lui fait des avances. Qu'il accepte ou non, c'est pareil; il est foutu. Que faire?
Le "pauvre" Lansana Kouyaté par excès de calculs politiques s'est mis dans la même situation. Une grande partie des Guinéens ne lui font plus confiance tout comme le clan présidentiel. De toutes façons, nous ne pouvons avoir confiance à quelqu'un qui cite Sékou Touré positivement dans ses discours!
Et comme par enchantement, il découvre tout à coup les vertus du dialogue avec les Forces du Changement, partis politiques compris.
Comme on dit vulgairement: " si tu ne sais pas faire la politique, la politique va te faire". Qui a dit que c'était facile? C'est pour cette raison que certains pressentis à la mission ont refusé d'être sur la "short list" des Forces de Changement.
La seule et unique voie de rachat pour le PM est la réussite des élections législatives, si Conté et son clan le lui permettent! Wait and see!

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