Thursday 2 August 2007

Conakry dans l'impasse

Nous commencerons notre propos par:"que Dieu sauve la Guinée!" Le Pays est dans l'impasse.
Nous assistons à un véritable marathon politique, sous la forme d'un jeu d'endurance: d'un côté, Conté et son clan sûrs de leur réserves financières permettant de s'acheter la fidélité d'une partie de l'armée et certains Guinéens avec Lansana Kouyaté pensant ruser en s'implantant politiquement de façon insidieuse et de l'autre nous avons des syndicalistes et la Société Civile qui ont donné à leur ennemi la corde (L.Kouyaté) avec laquelle il va les pendre. Quant aux partis politiques, ils sont, de facto, réduits au statu d'associations d'observateurs apolitiques (sic). Dans ce scénario, ces derniers sont sans aucun doute les perdants car plus le statu quo dure, plus les Guinéens seront convaincus que la solution ne pourra venir des hommes politiques et par conséquent ils seront tentés par n'importe quel habile charmeur, si ce n'est prendre leur destin dans leur propres mains. Dans tous les cas, l'avenir est incertain pour tout le monde, comme toujours seuls les stratèges s'en sortiront avec peu de dégâts.
Le processus a été grippé par Lansana Kouyaté par excès de calcules politiques: sa nomination étant intervenue dans des conditions calamiteuses sans support légal, le PM veut ruser pour s'incruster dans le paysage politique même au détriment de la réussite de l'application des accords. En effet, son assurance anti-échec est Lansana Conté qui lui servira aisément de bouc émissaire pour se disculper. Et conditionnés comme ils le sont, les Guinéens mordront à l'hameçon sans réfléchir.
Ma conviction est que si Lansana Kouyaté avait réellement l'intension d'assumer sa mission pleinement sans état d'âme, il se serait appuyé dés le début sur les forces du changement (syndicats, Société Civile, partis politiques et littéralement sur les phrases des accords tripartites) sans les inclure dans son équipe pour autant. Au moins, nous serions fixés maintenant sur notre sort immédiat: soit Conté le révoque avec tous les risques pour lui et nous, soit il le laisse faire en faisant une grève du zèle ce qui est nettement préférable au statu quo dans lequel le PM nous a plongé. Seule une attitude de défiance et de détermination en février 2007 après sa nomination aurait fait douter Lansana Conté et maintenu la pression sur lui. C'était le risque stratégique à prendre pour forcer le respect et l'autorité du gouvernement. Comme c'est souvent le cas en politique: ça passe ou ça casse! Avait il besoin d'être légaliste a ce stade alors que Conté n'a jamais respecté ni sa parole, ni ses engagements écrits encore moins ses propres décrets? Mais pour cela, il aurait fallu une personne téméraire et audacieuse. A situation exceptionnelle, comportement exceptionnel. L.Conté respecte les personnes qui osent et agissent, c'est-à-dire les praticiens et méprise les théoriciens. Ce qui se comprend de par sa formation et carrière: le théorie se pratique sur le terrain, pas dans les salons!
L. Kouyaté a réussi à semer le doute et la suspicion en promouvant certains syndicalistes au rang de ministres et les proches parents d'autres à des postes de responsabilité politique. Connaissant la mentalité en Guinée, ceci peut justifier toutes les compromissions car une nomination est une fin en soi pour la plupart de mes compatriotes. En plus, la formation et le parrainage du ministre de l'intérieur d'un mouvement de soutien au gouvernement, paradoxalement, ne fait que compliquer le paysage politique dans la mesure oú par cet acte Lansana Kouyaté n'est plus un acteur neutre. Si le sort des PMs en Côte d'Ivoire a influencé son attitude face à Conté, alors il a eu tort car les cas sont bien différents. La seule circonstance atténuante pour L. Kouyaté est que sa propre sécurité personnelle était assurée par des éléments contrôlés par Conté. Il lui revenait de négocier cela avant sa prise de fonction et trouver la solution.
Bien sûr, toute cette analyse ne vaut que si L.Kouyaté n'est pas de connivence avec L.Conté (je ne sais plus quoi penser de lui tant son attitude est trouble et…).
Rétrospectivement, mon analyse est que le "Vieux Biro", si son état de santé le permettait, aurait été le meilleur candidat pour cette mission: il a le courage et la carrure pour affronter Conté, il connaît politiquement le Pays; il a montré son indépendance et su forcer le respect en osant défendre les droits des Guinéens à l'Assemble Nationale (comparé à L.Sidimé et A.Somparé), n'en déplaise à ses détracteurs (pour son passé PDGiste):" tout homme évolue, seuls les imbéciles ne changent pas". J'imagine que L.Conté se serait opposé mais il aurait fallu l'imposer malgré leur hostilité. De plus, par rapport à tous les autres proposés, il n'aurait certainement pas d'ambition politique à long terme donc pas de tentative d'usurper le pouvoir. Nous savons qu'en politique l'appétit vient en mangeant comme Sydia Touré en Guinée, A.D.Ouattara en Côte d'Ivoire ou Kabila en RDC, pour ne citer que ceux-ci.
Bon! Que faire maintenant?
Apparemment, la tenue d'une Conférence Nationale ne semble pas emballer les Forces du Changement. Or je ne vois aucune solution politique à l'horizon encore moins des élections législatives comme prévu dans la sérénité. Je persiste en disant que dans les conditions actuelles le PUP ne peut perdre les élections même s'il n'a qu'un seul militant qui lui reste fidèle, pour la simple raison que sa cinquième colonne (comme l'a dit un internaute) a été, avec art, installée au cœur de l'administration et attend patiemment d'être activée. En plus, en matière de scrutin, l'argent est le nerf de la guerre. A moins que Conté ne disparaisse prématurément, malheureusement pour nous, seul un officier vaillant et patriote pourrait éviter le chaos en Guinée. Apres tout, c'est peut être un moindre mal avec le Doyen Ba Mamadou qui implicitement a de la compréhension et de l'indulgence pour Mamadou Sylla(l'homme le" plus riche de Guinée" grâce au Trésor et BCRG) et Alpha Condé fier d'être l'ami de Kassory Fofana (qui défie quiconque de prouver qu'il s'est enrichi dans les caisses de l'Etat Guinéen) et les autres hommes politiques dont on connaît ni l'opinion sur ce qui se passe dans le pays ni sur les grands dossiers qui alimentent les polémiques: au lieu de faire la politique, ils la subissent comme toujours.

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